Attente de l'être

Attente de l’être est essentiellement le livre d’une patiente gestation spirituelle. Pour nombre d’entre nous, l’entrée véritable dans la vie connaît des délais qui se comptent en années, du fait des aléas et heurts que nous réserve l’existence. A l’amertume, aux tristesses qui en résultent, la beauté du monde, la présence muette de la nature, la grâce discrète du rythme des choses, viennent en consolation, et les enseignements de patience se reçoivent par le silence.

Ces poèmes sont ceux d’heures nourries d’attente, abreuvées de sources silencieuses, fécondées par l’écoute du vide précédant ce qui advient. S’ils ont pour origine une désaffection, c’est que ce qui dévaste dans les accidents d’une histoire, ouvre le lieu intérieur pour que vienne un être agrandi. Pour que croisse la conscience que ce qui manque à l’homme est la condition de ce qui le grandit, que ce qui lui est part manquante en définitive le complète.

Ce sont des poèmes faits de silence, de la contemplation des arbres, des jours brefs et lents de l’hiver, des ciels figés de bleu cobalt, du miracle des givres et de la mémoire des absents.

J’ai souvent eu l’intuition, en observant la nature, que s’y faisait une sorte de distillation, par quoi quelque chose de plus haut est en train lentement d’advenir. Il me semblait voir dans le bleu hivernal une sorte de feu vif infusant à tout de l’esprit, et que les arbres dénudés par le retrait du jour, y quéraient dans la violence du froid un être plus grand auquel ils adviendraient. J’ai senti cent fois dans la lumière muette que nos âmes aussi avaient part à ce voyage des arbres, et que leur immobile embarquement pour le ciel montrait la direction où nous avions nos termes.

Extrait 1 :

Que ce qui est ne va pas de soi

Que notre vision demande élargie

Qu'il y a en droit de l’humain pour tous

Que l'erreur existe

Un mauvais sens de solitude

Un décentrage du cœur de la vie

Ce dont la torpeur au réveil donne un indice de vérité

Une séparation primordiale

*Une implacable proximité aux horreurs de la guerre

Pourquoi nous allons y chercher.

Extrait 2 :

Dans l’attente

Au bord

D’une forme supérieure de silence

L’épandage de la pluie sur les collines.

Un jour de beauté, sublime.

Le calme.

Et l’homme,

La pantalonnade de l’homme.

Extrait 3 :

Quand revient au monde le ciel égaré,

Quand revient au ciel le blé des étoiles,

Quand revient la croisée des êtres chauds et bons que la nuit a repris à la nuit,

Quand revient l’abîme de la naissance au noir,

Quand revient la connaissance du froid, du clair et de l’obscur, de l’humble et du nu, du frémissant, de la vacuité

Alors je veux repartir, retrouver mes forces, retrouver mon lieu à cette croisée qui me hante, qui m’initie, me mandate et ne cesse de me surplomber sans me laisser paisible jamais en une adoration,

Cette vitrée d’étoiles, éclatement de vie,

Je veux aller où le froid prend naissance,

Où le ciel est né de la terre.

Au vent une nouvelle fois

Après l’immense monde

A le chercher.

Lien vers le site de l’éditeur :

https://www.lucie-editions.com/book/attente-de-l-039-ecirc-tre/86730.html